Il règne dans la limousine un silence absolu, voire même dérangeant. Assis sur de confortables sièges en cuir, les membres de la Famille sirotent nonchalamment des verres de vitae... Peu avant, ils se sont amusés avec une jeune prostituée cambodgienne, car ils devaient évacuer la tension de la réunion caïnite et l'aversion d'avoir dû faire des courbettes aux Ventrues et aux Tremeres, qui s'en croient tant. Leurs visages sont fermés : ils se rendent compte du panier de crabes qu'est la ville de Lausanne. Mais contrairement à la plupart des caïnites, les Giovanni s'y sentent comme des poissons dans l'eau !
Quittant la contemplation de sa vitre, sur laquelle se reflètent régulièrement les lumières de Lausanne, Nicolo Giovanni tourne son regard vers Benito, son petit-fils, et ses yeux se durcissent imperceptiblement. Il élève une voix impérieuse qui claque comme un fouet : Je veux deux choses, deux simples petits choses : Benito, tu vas me faire un versement à ce parti... Comment s'appelle-t-il déjà ? Ah oui, A Gauche Toute ! Je veux que tous ces foutus gauchistes soient abreuvés de notre pognon. Je veux que tu les arroses, c'est clair ?! Regarde moi quand je te parle, putain ! Pour des politiciens gagne-petit, 300'000 CHF devraient faire l'affaire... Et règle cette histoire d'armes avec les Brujahs. Je te fais confiance pour mener la transaction à son terme, fils. Ne me déçois pas.
Le regard sévère de Nicolo se fixe ensuite sur sa petite-fille et ses prunelles luisent soudain d'un éclat dérangeant et lubrique : Caterina, ma petite, de ton côté tu vas contacter la Famille à Venise. Il faut que nos érudits se penchent sur cette histoire de sarcophages, de sainteté et tout le putain de bazar ! Pour paraître crédibles, il faut savoir de quoi on cause. Après, hein, comme disait mon vieil ami Machiavelli : "Gouverner, c'est faire croire..." Et ça, je m'y connais. Quand tu auras accompli tes devoirs, passe me voir dans ma chambre, je me sens seul et je suis las. Dis à tes fantômes de venir. J'ai besoin du réconfort de la famille.
Une fois son discours achevé, le Giovanni se remet à tranquillement boire son verre et plonger à nouveau dans ses méditations. La nuit promettait d'être longue.
[HRP : suite du post dans le topic Dans la nuit du 8 au 9 mai]