Surpris par le vacarme, Nicolo entre dans la véranda pour voir la cause de ce raffut. Quelle n'est pas surprise, lorsqu'il voir sa frêle petite-fille se démener comme une furie aux quatre vents !
Par tous les dieux Caterina, qu'est-ce qui se passe !? Tu t'énerves à cause de ce stupide sénéchal qui se fait une joie de nous traiter plus bas que terre ? Rassure toi, ça tombe bien, la famille adore cette position. Je doute en revanche que les autres caïnites se montrent aussi conciliants... Mais patience et attendons notre heure. Ce n'est pas nous qui rejoindront nos ancêtres les premiers, je te le jure !
Nicolo se rapproche de sa petite fille qui s'est brusquement assise à une table pour écrire et ne lui prête aucunement attention.
Oh oh, je vois que tu as mis en pratique mes quelques leçons de diplomatie. Toujours parler aux chefs. C'est bien... Ma petite, je me dois de t'avertir cependant : ne me remets jamais dans une telle position de faiblesse. Ou alors, je devrais te punir, et tu sais à quel point j'ai horreur de ça...
Ayant fini son discours, Nicolo effleure des lèvres le cou laiteux de sa petite-fille et quitte la véranda. Sur le seuil, il se retourne et murmure : Occupe toi bien, mon ange, je te laisse à tes méditations et à tes fantômes...De mon côté, je crois que je vais commencer à vraiment faire de la politique. Je n'ai que trop tardé...Mais d'abord je dois aller m'occuper des restes de ce mortel.
Quelques instants plus tard, Nicolo lance dans le coffre de sa berline trois sacs poubelles suintant une matière sombre et visqueuse et se dirige à tombeau ouvert en direction du crématorium de la vallée de la jeunesse. L'habitacle s'emplit progressivement d'une forte odeur de fer qui met le Giovanni en appétit. A une intersection, il quitte la route principale et se dirige vers un petit bosquet, à l'écart. En fouillant dans le sac, il trouve un bras qui fait parfaitement l'affaire et face à ce divin spectacle, il salive déjà...